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← articles plus anciens 04 juillet 2018 le jazz et la salsa débarque sur le monde.fr pendant huit ans, mundo latino, blog invité de la rédaction, s’est efforcé de vous faire découvrir les musiques afro-caribéennes. son obsession : promouvoir la musique live, aller à la rencontre des musiciens, dénicher des informations inédites, faire découvrir des artistes en devenir. depuis quelques mois, le jazz et la salsa a pris la relève de mundo latino, étendant son registre au delà de l’unique musique latine pour toucher toutes les musiques issues de la caraïbe, s’intéressant plus particulièrement, conformément à son adn, au jazz caribéen et à la musique afro-cubaine. aujourd’hui, le jazz et la salsa quitte la plateforme de blogs du monde pour rejoindre le site le monde.fr. vous aurez le plaisir de retrouver ces chroniques musicales à l’adresse www.lemonde.fr/le-jazz-et-la-salsa . en ces temps de coupe du monde, quel meilleur façon pour se dire au revoir qu’en compagnie de la reine celia ? « yo vivire ». a très vite ! yannick le maintec publié dans non classé | marqué avec le jazz et la salsa , mundo latino | laisser un commentaire 25 mai 2018 joachim des ormeaux, chanteur-conteur mystique de la martinique ancré dans un univers poétique & mystique, le chanteur de jazz créole joachim des ormeaux a développé un style unique, entre parlé et chanté. portrait. joachim des ormeaux par jean-louis nguyen 17 novembre 2017, le baiser salé. surgi de nulle part, tout de blanc vêtu, joachim des ormeaux fend la petite salle de la rue des lombards. « dé agat ou pèdi adan an sak lanvi, kifè ou koulé dlo kon la riviè, la riviè, chayé dlo, chayé woch, chayé bwa, ampéchéw mété linj’ ou lablanni… » halluciné, j’observe l’escogriffe s’agiter. les tresses, la voix écorchée à la arthur h, les grands gestes qu’il fait en parlant fort (qui plus est, en étranger, imaginez !), je lui trouve mauvais genre. il entonne « sak’ lanvi », mélodie de gratitude et de persévérance écrite par arnaud dolmen pour un ami dans une passe difficile. joachim des ormeaux y accolé ses paroles, vraisemblablement autobiographiques. sur son site web, le jeune batteur, révélation jazz de l’année 2017 ne tarit pas d’éloges sur le chanteur, pour lui une « véritable source d’inspiration » . « sak lanvi » est également le titre de l’album que joachim des ormeaux est venu présenter ce soir, accompagné de thierry vaton (piano), just wody (basse), yoann dannier (batterie), béatrice poulot-marvilliers et béatrice civaton (chœurs). * le sentiment de déstabilisation ne durera pas trente secondes. en moins de temps qu’il n’aura fallu pour vous braquer, vous vous retrouvez plongé dans un univers dont vous ne saisissez pourtant rien à la langue. crime prémédité. la volonté affichée est de toucher les non-créolophones en utilisant le ressenti et l’énergie des mots. les tableaux se succèdent entre conte et chant. interprétation, chez joachim des ormeaux, n’est pas un vain mot. le chant dans le jazz créole n’est pas si fréquent. mais ce qui frappe chez des ormeaux, c’est son style totalement inédit. ce flow, ce phrasé, ça n’est pas du slam, pas du spoken word non plus. pourtant on retrouve en lui la capacité qu’avait gil scott-heron de chanter ou déclamer un même morceau. et puis il y a cette voix, ce cri, cette clameur à vous briser le cœur, une longue plainte qu’on imagine venir d’outre-temps, des champs de douleur. * le voilà en train d’apostropher zépon , le personnage jailli de son enfance. oti nono ? il est où arnaud ?, titre de fête que lui a proposé arnaud dolmen sur lequel il a posé des paroles qu’il lui a dédié. an fleu , klik-klak papiyon , 4h d’matin , autant de propositions, autant de représentations entre récits, jazz et chansons, la dimension chanson étant soulignée par le travail des choristes. des incursions de voix, de bruits, de sons complètent le tableau. joachim est attentif au public non créolophone. il ne vous laisse jamais tomber et entrecoupe ses chansons d’explications. et si tout n’est pas clair, ce n’est que pour mieux laisser toute liberté à l’imagination. cour st emilion, un après-midi ensoleillé de janvier. je retrouve dans son costume vert max, le chauffeur de bus d’une compagnie de transports parisienne bien connue. malgré le froid, on se tente le café en terrasse. joachim, c’est son deuxième prénom, son nom complet gros-desormeaux. démystification ? si peu. on se jauge. mon interlocuteur se raconte, un peu. la semaine prochaine il sera en martinique pour carnaval. c’est dans la martinique des années 80 qu’il m’entraine. max a été élevé par sa grand-mère. une éducation qui l’a marqué. une enfance solitaire, la source de son imaginaire. il fait parfois le mur. quand il rentrerait, il se prendrait une taloche, c’est sûr. le but de ses évasions ? les musiciens qui jouaient dans les quartiers de fort-de-france, francisco, marius cultier, qu’il allait écouter à l’extérieur des cafés. la maturité des enfants solitaires. quand il rejoindra ses copains pour jouer la musique au bout de la rue, ce sera lui le chanteur. tout ce temps, il n’aura cesser d’écrire, de cultiver son univers. « chanter, moi ? » voilà joachim, jeune chanteur à l’orée de ses cinquante balais -il en parait bien moins-. vous lui auriez dit il y a quelques années qu’il se produirait bientôt sur scène qu’il se serait moqué. les hasards de la vie, les rencontres, une jam, il se lance. une coach vocal l’interpelle. « vous chantez où ? », « chanter, moi ? », « j’en ai toujours eu envie, mais… » il prend quelques cours, explore, cherche sa voix, trouve sa voie. « trouver mon style a été facile. je chante comme je parle, je ne vois pas de différence. j’y mets mes notes. j’y mets du groove. je suis avant le temps ou après le temps. ça me permet une certaine liberté d’improvisation. « joachim se sert de sa voix comme instrument harmonique », précise le pianiste thierry vaton. il ajoute, enthousiaste : « il surfe sur le tempo. » « entre la joie, le désespoir, la rage et la tendresse » une première collaboration avec le pianiste maher beauroy, un premier ep : « horizon jazz créole ». beauroy disparaît, attiré par les lumières des states. c’est le jeune arnaud dolmen qui sauvera le répertoire. « lui et moi avons une relation spéciale, mystique », confie arnaud. « je me vois en lui et il se voit en moi. imagines que tu rencontres une personne pour la première fois. tu ne pas connais pas, mais tu la connais déjà. » le jeune homme est fan. « j’aime les artistes originaux, ce qu’est vraiment joachim. ce qui me plait chez lui c’est sa voix, son esprit, son originalité, son créole, tout simplement son parcours. c’est un exemple, un grand homme ! sa voix sent le vécu. » de l’aveu du chanteur, cette voix, son côté éraillé, c’est l’ensemble de ses cicatrices. « ce sont les choses que j’ai pu traverser dans ma vie qui s’expriment ainsi… entre la joie, le désespoir, la rage et la tendresse. » « la folie d’arnaud dolmen et l’expérience de thierry vaton » et puis il y eut la rencontre avec thierry vaton. « thierry, c’est le patron ! » le pianiste est co-auteur d’un ouvrage de référence sur le piano créole qui connaît des maîtres comme alain jean-marie et mario canonge. « c’était quelqu’un qui m’observait. il m’a fait comprendre que je devais jouer avec des musiciens solides qui pouvaient m’emmener plus loin et m’apporter une vraie pertinence. » joachim devait faire une apparition au brunch créole de tony chasseur aux côtés d’invités prestigieux comme jocelyne béroard et jacob desvarieux. « thierry m’a approché à cette occasion-là. je n’aurai jamais imaginé travailler avec lui. il fait partie des personnes qui m’ont donné envie de faire ce métier-là. s’entendre dire c’est bon ! au bout d’une seule prise est extrêmement valorisant pour un autodidacte comme moi. « thierry, c’est la force tranquille », confirme arnaud dolmen. le batteur lui envoie ses compositions « brut de fonderie » et thierry écrit les arrangements. « thierry arrange tout ! » pour jo